Réunion de la S2LH, samedi 23 mars 2019

Mardi 02
AVRIL 2019
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LE RAPPORT D’HERVÉ BRAMY 

Cher·e·s ami·e·s

Nous nous retrouvons après cette très belle soirée de soutien à l'Humanité, le vendredi 22 février, dans la halle Dufriche à Montreuil. Celles et ceux qui ont pu y participer gardent en mémoire l'ampleur de l'événement : la très importante participation citoyenne, plus de 4 000 participant·e·s, leur diversité d'âge et de milieux sociaux, le soutien affiché de personnalités diverses du monde culturel, politique, associatif et syndical... Lors de cette soirée, nous avons tenu à être présents et actifs dans la prise de contacts, la perception de la souscription ou encore pour formaliser de nouveaux abonnements. Le bilan est très encourageant :

- 7 adhésions à la société et 168€ de dons
- 8 abonnements de parrainage
- 12 abonnements pérennes (1656€ réglés sur place et le reste par prélèvement)
- quelques ventes de produits de promotion de la Société pour 113,20 €
- enfin 5 160 € de souscription au journal 

Nous tenons, avec Nicolas, à remercier toutes celles et tous ceux qui ont contribué à ce résultat. Au cours de la soirée, il y a eu des moments de forte sollicitation mais nous nous en sommes très bien sortis, en recueillant, entre autres, 90 adresses de contact pour la société.

Cependant, ce moment de très forte fraternité et de solidarité avec le journal ne doit pas faire oublier que le groupe l'Humanité reste en difficulté structurelle. Certes, toute bouffée d’oxygène est bonne à prendre mais cela ne saurait suffire pour lui faire sortir la tête de l'eau.

La souscription versée au journal atteint aujourd’hui 1,8 M€. C’est loin d’être négligeable, toutefois Patrick Le Hyaric soulignait, le 22 février, qu’il serait nécessaire de trouver au moins trois ou quatre millions de plus pour affronter sereinement l’avenir.

10 000 abonnements

Il faut donc, encore et encore, gagner de nouveaux lecteurs/lectrices et de nouveaux et nouvelles abonné·e·s sur la durée. Le journal a fixé la barre à 10 000 - y compris les abonnements de parrainage comptabilisés dans les OJD - d'ici la fin de l'année. C'est un objectif ambitieux et l'atteindre serait le signe d'une vitalité renforcée pour le journal.

A ce jour, 3 024 abonnements ont été réalisés dont 1 256 parrainages, 1 093 à la formule 1 € le premier mois puis 9,90 € les mois suivants et 675 abonnements directs soit à l'Humanité auotidienne soit à l'Humanité dimanche et très peu avec la formule à 13,50 €.

Des retours tout aussi encourageants nous parviennent des comités des lecteurs et lectrices de l'Humanité comme des amis de l'Humanité mais également des organisations locales du PCF ou bien encore de syndicats notamment de la CGT, Gilbert nous dira ce qu’il en est. 

L'élan est engagé. Nous devons prendre notre part à cette reconquête. Nous pourrions nous fixer les objectifs suivants : contribuer à réaliser 1000 abonnements y compris de parrainage d'ici la fête de l'Humanité dont 500 d'ici au banquet qui aura lieu le samedi 22 juin, le lieu restant encore à déterminer. Nous avons conscience de l'ambition que cela représente mais nous avons des atouts.

D'une part, Marine et Anouchka nous livrerons quelques premiers enseignements de l'enquête qu'elles ont mené en direction de la précédente vague d'abonnements découverte à l'Humanité. D'autre part, à ce jour nous recensons 2 435 adhérent·e·s à la société contre 2 771 en fin d'année pour 2018 auxquels on peut ajouter les 90 contacts relevés lors de la soirée du 22 février et les nouveaux abonné·e·s qui disent vouloir jouer un rôle en faveur du journal.

Si chacun·e de ces adhérent·e·s réalisait un abonnement nous pourrions considérer que notre objectif pour cette année serait atteint. Faut-il pour cela que nous proposions une prise en charge partielle de l’abonnement parrainage ? Ceci dit, je vous propose que nous adressions à chacun·e une lettre en leur donnant rendez-vous au banquet et en leur proposant de réaliser d'ici là un abonnement. Pour faciliter l’engagement ne pourrions-nous pas rédiger une sorte d’argumentaire qui puisse aider chacun·e à trouver les bons arguments facilitant la concrétisation d’abonnements ? Il me semble que cela est d’autant plus nécessaire que les média sont au cœur d’une crise de confiance lourde comme le révèle l’enquête Viavoce de mi-mars dont vous trouverez la synthèse dans vos pochettes.

Prenons quelques exemples. L’enquête Viavoce révèle que :

- 77 % des interrogés considèrent que les média privilégient les informations sensationnelles ou la violence : pas l’Humanité !

- 72 % qu’ils ne donnent pas la parole à tous de manière équitable : l’Humanité s’efforce de le faire mais s’assure avant tout chose, et même comme point de départ, que celles et ceux qui n’ont pas de moyens de se faire entendre puissent livrer leur argumentation.

- 63 % trouvent que les médias « disent tous la même chose ou presque » : l’Humanité n’entre pas dans cette catégorie car elle est une force de résistance, de proposition, de construction humaniste et progressiste au service du plus grand nombre et agit au service du pluralisme des idées face à une presse dominée par l’argent.

Ce sont là de premières approches que nous pourrions développer.

Pour aller plus loin : un lecteur acteur du développement de l’Humanité

Ne faut-il pas que nous réfléchissions, plus avant, quant au rôle de notre société qui je le rappelle détient 20 % des parts du journal. Quand je parle de notre société, ce n'est seulement de notre conseil d’administration mais de l'ensemble des forces vives, individuelles et collectives, de notre association. Comment rendre plus actif chacun·e de nos adhérent·e·s et pourquoi faire ? En quoi l'adhérent·e à notre société se distingue-t-il ou se distingue-t-elle du "simple" lecteur ? Comment solliciter ce très important potentiel humain au service du développement du journal ?

J'ai déjà fait part de la proposition de placer chacun·e des adhérent·e·s en situation de réaliser un abonnement. Comme on l'a vu, c’est une tâche essentielle. Pourtant est-elle suffisante sur la durée pour faire du plus grand nombre de lecteurs un·e acteur/actrice, à sa façon, avec ses atouts et ses limites, de la vie du journal avec un lien renforcé entre le lecteur, la lectrice avec les rédactions de chacun des titres ? Je vous propose donc que nous poursuivions les réflexions engagées, lors de nos précédentes réunions, sur le rôle que pourraient jouer les adhérent·e·s de notre société dans le lien qu’ils ou elles pourraient entretenir avec leur journal, et plus précisément, avec les différentes rédactions du journal. Comment faire pour que notre société devienne le réceptacle des opinions et des attentes des lecteurs ? Quels rôles peuvent jouer les réseaux sociaux, par exemple, pour mieux faire connaître notre journal ? Comment organiser un réseau des réseaux autour de l'Humanité, des articles et reportages rédigés par les journalistes ? Comment démultiplier les rencontres entre un sujet rédactionnel, le journaliste auteur et les lecteurs/lectrices ou de potentiels lecteurs…

Les journalistes sont demandeurs de telles rencontres, en fonction de leur disponibilité. C'est l'occasion, pour elles et eux, de pouvoir parler de leur métier et des conditions dans lesquelles, ils et elles, sont amené·e·s à produire leurs écrits. Comment rendre perceptible, par exemple, que dans les conditions économiques et financières actuelles du journal, les journalistes de la rubrique « International » ont très fortement réduits leurs déplacements à l'étranger, et que c'est par la qualité de leur carnet d'adresses, qu'ils et elles sont en mesure de rendre compte de l'actualité avec sérieux et intérêt. Ne pourrions-nous pas nous fixer un objectif de rencontre de ce type d'ici à la fête de l'Humanité ? Les sujets ne manquent pas et tous sont prétextes à de fructueux échanges.

C'est au cœur de telles rencontres que nous pouvons sensibiliser les lecteurs aux enjeux de l'indépendance de notre groupe. L'exposé de notre ami Claude Baudry sur la concentration de la propriété des groupes entre quelques mains, lors du dernier CA, était édifiant. Nous devrions creuser le sillon. On le sait, toute la presse papier est en crise pour les mêmes raisons : l'enjeu du coût de l'impression, le recul du marché publicitaire, la chute de la diffusion papier et la difficulté de concevoir un modèle numérique rentable… On sait aussi que la disparition d'un journal est toujours possible. Cela est arrivé dans la période récente. Si cela était malheureusement le cas pour l'Humanité ce serait une perte considérable pour la démocratie et le pluralisme des idées.

L'Humanité c'est bien plus qu'un journal d'informations. 

Il porte, depuis sa création par Jean Jaurès, un regard, sur la société et le monde, différend du reste de la presse que je qualifierai, ici, de dominante ; parce que cette presse est aux mains des majors fortunés de l'industrie. La concentration capitalistique à laquelle on assiste dans le secteur des médias, depuis plusieurs décennies, réduit au fil du temps le pluralisme de la presse et donc les idées humanistes et de progrès. La qualité du travail des journalistes de cette presse dominante n'est pas en cause, intrinsèquement, mais comment peuvent-ils fournir des informations critiques sur les choix stratégiques des multinationales lorsque le journal pour lequel ils/elles écrivent, appartient à l'un de ses grands majors influents dans la sphère du pouvoir ? Dans cette presse, l'indépendance des rédactions est considérablement restreinte.

Pour autant, 91 % des français considèrent toujours le journalisme comme un métier utile considérant le journalisme comme indispensable dans une société démocratique. Ces mêmes journalistes vivant de façon continuent la dégradation de leur statut social et professionnel comme le révèle l’enquête du SCAM « Journaliste : auteur ou fournisseur de contenus ? » transmise par notre ami Claude Baudry. Cette évolution se révèle néfaste à la liberté de la presse du fait de la progression de la précarité, de la détérioration de leurs conditions de travail, de la moindre qualité de l’information et de la dégradation de leur image dans la société. « C'est celui qui paye, qui décide » peut déclarer, sans aucune retenue un Vincent Bolloré, propriétaire de Canal+ et de Vivendi… Le pluralisme est obligatoirement attaqué quand une même personne possède Libération, RMC, et BFM par exemple..

Et bien, pour ce qui nous concerne, ce à quoi nous voulons contribuer c'est, tout à la fois, la défense de la démocratie, le pluralisme des idées et l'indépendance des titres comme de celle des rédactions des forces de l'argent. En effet, l'Humanité est un fantastique support des luttes et des espérances de centaines de milliers de personnes dans notre pays. C'est un journal qui parle de « nous » au quotidien, c’est-à-dire, les gens de « peu » qui rêvent de mieux vivre, de pouvoir lier « fin de mois et fin du monde », un journal qui écrit sur les mobilisations sociales comme sociétales mais aussi sur les répressions syndicales ou encore sur la répression policière comme nous le constatons actuellement chaque samedi en attendant la susceptible mobilisation des militaires. 

Comme le soulignait Patrick Le Hyaric,  « C'est ce journal qui a alerté et obtenu que la Sécurité sociale ne soit pas rayée de la Constitution, qui a défendu la nécessité de développer la SNCF aux côtés des cheminots, dans l'intérêt général et pour réussir la transition environnementale, celui qui, jour après jour, montre et démontre les effets néfastes de la destruction des conquêtes et principes issus du Conseil national de la Résistance ; ce journal qui porte le drapeau de la paix et du désarmement, de la préservation de notre environnement ; celui qui a révélé ce salon ubuesque de l'évasion fiscal à Cannes... Le titre de notre journal est un legs immense qui, par son ampleur, fixe l’horizon d’une humanité "qui n’existe point encore ou existe à peine" comme le disait Jaurès. Il porte en lui l’universel et le combat toujours recommencé pour la fraternité humaine, contre tout ce qui écrase les individus, afin que "le libre développement de chacun soit la condition du libre développement de tous". »

Livrer bataille et placer l’Humanité sous protection citoyenne

La bataille pour pérenniser l’Humanité se poursuit donc. La souscription doit être maintenue pour permettre de financer convenablement la période d’observation en cours jusqu’au 7 août. Ce jour-là, le tribunal de commerce dira s’il maintient L’Humanité sous observation.

Plusieurs audiences auront lieu au tribunal dont celle du 27 mars. A cette occasion, le journal doit prouver qu’il dispose d’une trésorerie suffisante jusqu'à la fin de l’été et présenter un premier projet de plan dit « de continuation » de l’exploitation. S’il ne peut pas le démontrer, le risque d’être mis en liquidation judiciaire est grand, ce qui veut dire la disparition du groupe l’Humanité ou son rachat par des tiers. L’Humanité qui comprend ses différents titres et la Fête de l’Humanité n’est pas à vendre et doit conserver son indépendance vis-à-vis des puissances d’argent. Les équipes travaillent donc sur un substantiel plan d’économie et un projet d’entreprise avec des recettes supplémentaires. Pour tout cela, je suggère que nous prenions l’engagement de conforter le nombre de nos comités et en créer d’autres ; au moins un comité par département d'ici la fin de l'année et tripler leur nombre d'ici la Fête de l'Humanité soit 36 comités.

Notre Assemblée générale du 22 juin au matin devrait, si vous en êtes d’accord, permettre de décider sur ces bases notre plan de travail pour les prochains mois. Pour structurer ce plan, nous pourrions d’ici là échanger par mails sur la base de documents d’orientations plus développés et qui préciseraient nos ambitions. Pourquoi ne pas imaginer un temps de rencontre entre les lecteurs/lectrices avec les rédactions pour consolider les liens. Il faut également penser au renouvellent du notre instance dé libératrice en veillant à nos trois priorités : rajeunissement, féminisation, militants syndicalistes actifs…

Enfin, puisque notre AG se tiendra en préalable au banquet, - dont nous ne connaissons pas encore tous les détails - nous devrions saisir cette opportunité afin de favoriser et faciliter le plus grand nombre possible de nos adhérent·e·s.