Raymond Devos, les mots démontés jusqu’à l’absurde
La chronique de Claude Baudry
Mardi 21
JUIN 2016
JUIN 2016
Radio France et l’INA plongent dans leurs archives pour ressortir des entretiens inédits avec le magicien des mots, mort il y a dix ans, agrémentés de ses meilleurs sketchs.
Raymond Devos est « mort de son vivant », il y a dix ans. Ce poète, jongleur surtout des mots, mime et mélomane, s’est éteint le 15 juin 2006. L’homme qui se définissait comme « un comédien qui écrit des textes et non comme un auteur qui joue des textes » ne se sentait pas homme de lettres mais il était homme de mots. De bons mots. Les archives de Radio France et de l’INA sont des trésors. La recherche qui a donné ce double CD Merci l’artiste est un bijou. Il mêle ses meilleurs sketchs, dont le premier la Mer démontée, aux entretiens accordés – rarement – sur les ondes aux micros de Moussa Hamidi, André Halimi ou Jacques Chancel, qui le reçut sur le plateau du Grand Echiquier.
Jean Barenat (de son vrai nom Fernande Alphandéry) critique à l’Humanité et citée par Jacques Chancel, louait sa « façon personnelle d’être sérieux sous une apparence de bouffonnerie ». Ce « braconnier des mots » partait du quotidien pour tirer son feu d’artifice dans l’absurde avec un talent qui n’est jamais démodé doublé d’une générosité qui transparaît dans les entretiens inédits rassemblés.
Devos a l’art de mettre les mots et les situations « sens dessus dessous ». « On ne fait rire qu’avec des choses graves », confie Devos. Des choses simples, banales comme ce sketch J’ai des doutes, entrecoupé de notes d’une étude de Sor où l’artiste se demande pourquoi son meilleur copain a les pieds dans ses pantoufles…
« Du moment qu’on rit des choses, elles ne sont plus dangereuses », disait-il sans penser un instant que des gens sans humour pourraient tuer, près de dix ans après sa mort, des caricaturistes, un jour de janvier 2015. Raymond Devos maniait l’art de l’absurde, « un comique qui n’avait pas besoin d’artifice grossier pour mettre une salle en délire », comme l’a dit Chancel. Il fallait oser débuter un sketch par ces mots : « Mesdames et messieurs… je vous signale tout de suite que je vais parler pour ne rien dire. » (…) « Mesdames et messieurs, moi, lorsque je n’ai rien à dire, je veux qu’on le sache ! Je veux en faire profiter les autres ! » Alors profitons.
Les grandes heures INA/Radio France. Raymond Devos, merci l’artiste. Double CD, 16,90 euros.
Raymond Devos est « mort de son vivant », il y a dix ans. Ce poète, jongleur surtout des mots, mime et mélomane, s’est éteint le 15 juin 2006. L’homme qui se définissait comme « un comédien qui écrit des textes et non comme un auteur qui joue des textes » ne se sentait pas homme de lettres mais il était homme de mots. De bons mots. Les archives de Radio France et de l’INA sont des trésors. La recherche qui a donné ce double CD Merci l’artiste est un bijou. Il mêle ses meilleurs sketchs, dont le premier la Mer démontée, aux entretiens accordés – rarement – sur les ondes aux micros de Moussa Hamidi, André Halimi ou Jacques Chancel, qui le reçut sur le plateau du Grand Echiquier.
Jean Barenat (de son vrai nom Fernande Alphandéry) critique à l’Humanité et citée par Jacques Chancel, louait sa « façon personnelle d’être sérieux sous une apparence de bouffonnerie ». Ce « braconnier des mots » partait du quotidien pour tirer son feu d’artifice dans l’absurde avec un talent qui n’est jamais démodé doublé d’une générosité qui transparaît dans les entretiens inédits rassemblés.
Devos a l’art de mettre les mots et les situations « sens dessus dessous ». « On ne fait rire qu’avec des choses graves », confie Devos. Des choses simples, banales comme ce sketch J’ai des doutes, entrecoupé de notes d’une étude de Sor où l’artiste se demande pourquoi son meilleur copain a les pieds dans ses pantoufles…
« Du moment qu’on rit des choses, elles ne sont plus dangereuses », disait-il sans penser un instant que des gens sans humour pourraient tuer, près de dix ans après sa mort, des caricaturistes, un jour de janvier 2015. Raymond Devos maniait l’art de l’absurde, « un comique qui n’avait pas besoin d’artifice grossier pour mettre une salle en délire », comme l’a dit Chancel. Il fallait oser débuter un sketch par ces mots : « Mesdames et messieurs… je vous signale tout de suite que je vais parler pour ne rien dire. » (…) « Mesdames et messieurs, moi, lorsque je n’ai rien à dire, je veux qu’on le sache ! Je veux en faire profiter les autres ! » Alors profitons.
Les grandes heures INA/Radio France. Raymond Devos, merci l’artiste. Double CD, 16,90 euros.
Claude Baudry